Les autorités essaient de minimiser les conséquences de ce scandale, il fait l

Agriculture

Élevage : un scandale de plus étouffé dans l’œuf ?

Les autorités essaient de minimiser les conséquences de ce scandale, il fait la une de tous les médias européens depuis plusieurs jours : au cours de la première semaine d’août, l’autorité de sécurité alimentaire des Pays-Bas, la NWMA, a annoncé avoir découvert des milliers d’œufs contaminés au fipronil, un pesticide anti-poux rouges dont l’utilisation pour la production alimentaire est interdite dans l’Union européenne. Ce produit est connu pour sa toxicité sur les abeilles et pour son impact sur la production d’hormones thyroïdiennes ; autant dire qu’il n’a rien d’anodin. Les polices néerlandaise et belge ont d’ores et déjà procédé à des perquisitions et à des arrestations.

Des millions d’œufs pourraient être contaminés. On ignore encore l’ampleur de cette crise, mais 180 exploitations néerlandaises ont temporairement été fermées, et de grands distributeurs allemands comme Lidl et Aldi ont retiré des œufs de leurs rayons. En Allemagne, les autorités procèdent à des tests sur des produits contenant des œufs, comme les pâtes, la mayonnaise ou les gâteaux. En France, sept entreprises sont concernées et près de 250 000 œufs contaminés auraient été mis sur le marché.

Cette crise n’est que la dernière d’une longue série de scandales alimentaires. Encore une fois, notre système de production industrielle est en cause, comme de dans le cas de la bactérie E-coli, de la salmonellose, de la listériose, de la grippe aviaire, de la grippe porcine, ou de la maladie de la vache folle.

Cette crise est le résultat d’un système industriel qui, aveuglé par la cupidité, n’hésite pas à s’asseoir sur les règles et à profiter d’un défaut de surveillance des autorités. Les scandales de ce type se multiplient. Notre système de production alimentaire est malade et nous rend malade, car il fait passer les profits avant la santé publique.

Pour satisfaire notre demande de bœuf, de porc, de produits laitiers et d’œufs, l’élevage industriel doit produire toujours plus, à n’importe quel prix. Trop souvent, ce système fait courir des risques inutiles à la santé publique, maltraite les animaux, encourage la déforestation, pollue nos rivières et nos océans et contribue massivement aux changements climatiques. Ce système de production alimentaire est une catastrophe pour notre planète.

La France n’est pas épargnée par les problèmes causés par l’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage en particulier. Afin de répondre aux crises agricoles, alimentaires et sanitaires successives, Emmanuel Macron a lancé en juillet dernier les États généraux de l’alimentation. Les discussions sont organisées autour de deux axes : la création et la répartition de la valeur pour les agriculteurs d’une part, et une alimentation durable et de qualité, accessible à tous d’autre part. Une initiative saluée par  la société civile, dont Greenpeace.

Nous restons cependant extrêmement sceptiques quant à la partialité du gouvernement. Les présidences des ateliers seront en partie assurées par des représentants de l’agroindustrie (Danone et Système U, groupe AVRIL pour les ateliers 5 et 6), du syndicat agricole majoritaire (la présidente du réseau TRAME sur l’atelier 3 est également membre du bureau FNSEA) et enfin des coopératives (le président de COOP de France Aquitaine, entre autres sociétés, dirigera l’atelier transversal et très politique sur l’orientation des futurs investissements). De leur côté, les organisations environnementales et de solidarité n’ont reçu aucune information ne serait-ce que sur leur éventuelle participation aux différents ateliers. Sans compter qu’à ce jour, le gouvernement n’a toujours pas précisé ce qu’il ferait du résultat de ces discussions…

Greenpeace suivra néanmoins de près les débats de ces États généraux et notamment les questions liées à l’élevage. Nous vous tiendrons informé-e-s des discussions et des enjeux : il est urgent de changer radicalement de paradigme, d’engager une transition vers un modèle d’agriculture écologique et durable, et de changer ce système malade une bonne fois pour toutes pour que ces scandales ne se produisent plus. Rendez-vous en septembre.