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Chez Free, la « guerre » contre SUD


A quelques jours d’élections professionnelles qui se dérouleront dans un climat tendu, SUD confirme être devenu une cible pour la direction d’Iliad. Coup sur coup, trois représentants du syndicat ont été visés par des sanctions importantes dans le groupe fondé par Xavier Niel (qui détient la marque Free). Deux d’entre eux ont fait l’objet d’un entretien préalable au licenciement, vendredi 28 octobre.

Il y a moins d’un mois, Mediapart racontait que les centres d’appels du groupe était tous les ans le théâtre de centaines de licenciements ou de ruptures de contrat, et que les salariés identifiés comme de fortes têtes étaient régulièrement écartés. Nous décrivions le cas de Kamal E., un responsable d’équipe licencié alors qu’il s’apprêtait à rejoindre les rangs de SUD. Le jugement dans ce dossier sera rendu par le conseil des prud’hommes de Nanterre le 7 novembre.

Ce cas n’est pas isolé. Laurent Courtois-Courret, délégué syndical SUD au centre Qualipel, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), a écopé de dix jours de mise à pied disciplinaire avec retenue de salaire, du 19 au 31 octobre. Il s’était plaint auprès d’Angélique Gérard, la responsable de tous les centres d’appels, de ce qu’il considère comme du favoritisme de la part de la direction envers une autre syndicaliste. Pour étayer ses dires, il avait fourni des chiffres de productivité internes. Et illico écopé d’un entretien en vue d’une sanction disciplinaire, pour avoir « détourné des outils de management de l’entreprise à des fins étrangères à [sa] fonction de responsable d’équipe ». Depuis, aucune réponse précise n’a été apportée sur le fond des accusations du syndicaliste, mais il a été sanctionné.

Ce qui menace Anousone Um, le représentant du syndicat du site Mobipel à Colombes (Hauts-de-Seine), et une autre représentante syndicale, salariée de la filiale MCRA chargée du management dans les centres d’appels, est bien plus grave : ils risquent d’être licenciés. Puisqu’ils sont tous deux candidats aux élections professionnelles, le comité d’entreprise devra être consulté, et les procédures devront être avalisées par l’inspection du travail.

Ces cas ont déjà été évoqués par le magazine Politis et, plus brièvement, par Le Canard enchaîné. SUD a saisi l’inspection du travail ainsi que le ministère du travail. « Depuis quelques semaines, nos candidats sur les listes de la fédération SUD font l’objet d’une véritable campagne de répression (…). Ces événements se déroulant sur plusieurs sites et avec une certaine coordination, nous ne pouvons croire à des initiatives isolées. La proximité des élections et la détérioration du climat social nous poussent donc à vous interpeller directement », a écrit l’organisation au directeur général du travail.

De son côté, la responsable des centres d’appels du groupe, Angélique Gérard, indique à Mediapart que ce qu’elle est « contrainte de gérer depuis quelques semaines n’a en effet rien d’habituel ». Mais elle assure être « très surprise de constater la pression médiatique qu’exerce SUD » à l’égard de l’entreprise, qui pourrait selon elle « commencer à s’apparenter à du harcèlement ».

S’en tenant à son « devoir de réserve » pour ne pas commenter des cas individuels, Angélique Gérard assure néanmoins que ses relations avec le syndicat « ont toujours été collaboratives, respectueuses et dans l’esprit du code du travail, comme avec nos autres organisations syndicales ». Malheureusement, elle explique « avoir à constater depuis quelques semaines des faits d’une certaine gravité à quelques jours désormais des élections professionnelles ».

Un syndicaliste pugnace et une « victime collatérale »

Le sous-entendu de la dirigeante vise principalement Anousone Um. Ce syndicaliste pugnace est apparu publiquement dans plusieurs articles ces derniers mois. Il lui est notamment reproché un tract où, sans dévoiler de nom, il soulignait qu’on pouvait être un cadre bien noté dans les centres d’appels Iliad, sans pour autant tenir ses obligations en terme de productivité. Une responsable de plateau, notoirement en conflit avec lui, assure s’être reconnue dans certaines statistiques dévoilées dans son tract. Cette cadre a depuis saisi le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de son centre pour dénoncer ce qu’elle considère comme des actes de harcèlement du syndicaliste, remontant à plus d’un an et pesant sur sa santé. Le syndicaliste conteste absolument, et assure au contraire que cette responsable est justement à l’origine de plusieurs départs de l’entreprise, du fait de son attitude envers certains salariés.

Ces faits de « harcèlement » ont été signifiés à Anousone Um lors de l’entretien préalable à son licenciement. On lui a aussi reproché plusieurs retards ou pauses indues, ainsi qu’un dénigrement régulier et public de l’entreprise. Certains éléments soulevés datent de plusieurs années, et ne peuvent légalement plus être pris en compte pour une quelconque sanction. « La chasse aux sorcières continue, commente le syndicaliste, qui a été placé en arrêt maladie à la suite des derniers événements. On veut me faire passer pour un harceleur, un menteur et un fraudeur. » Au titre de précédentes tracasseries, la direction de Mobipel lui a refusé au dernier moment un mois de congé, pendant lequel il comptait se rendre dans sa famille au Laos et au Cambodge. Il avait déjà pris son billet d’avion.

La seconde syndicaliste en cours de licenciement, est apparemment visée parce qu’elle est considérée comme proche de Um. Elle serait soupçonnée d’avoir aidé le remuant représentant de SUD à obtenir certains chiffres de productivité qu’il a diffusés dans son tract. Dans ce cadre, la salariée a fait l’objet d’une étrange convocation, avant son entretien préalable : le 17 octobre, elle a dû répondre aux questions d’Angélique Gérard, en présence d’un huissier, qui a dressé un constat pendant que la dirigeante ouvrait avec elle sa boîte mail professionnelle, à la recherche de pièces dont elle n’a pas précisé la teneur. La salariée n’a pas été informée précisément des raisons de cette rencontre inhabituelle, et il ne lui a pas été indiqué explicitement qu’elle avait le droit de la refuser, ou de demander à être assistée par un représentant du personnel. « Ils nous ont déclaré la guerre, et cette salariée est considérée comme une victime collatérale par la direction », commente Patrick Mahé, chargée des télécoms au bureau fédéral de SUD.

À quelques jours des élections professionnelles, qui se déroulent du 2 au 8 novembre dans quatre des six centres d’appels du groupe, l’ambiance est donc très tendue chez Iliad. Entre SUD et la direction, mais aussi entre les différents syndicats. Mediapart a eu connaissance d’échanges virulents datant de plusieurs semaines entre des membres de la direction, des représentants de SUD et un responsable de la CFDT. Ce dernier critiquait ses concurrents de façon très vive, leur reprochant leurs méthodes et leur attitude. Depuis, ce représentant du personnel a quitté la CFDT, jusque-là considérée comme proche de la direction, au moins à Paris et en région parisienne. Il a rejoint l’UNSA qui, dans un récent tract, a justement mis en cause « des élus arrogants, méprisants envers les salariés, qui ne semblent intéressés que par la protection à laquelle leur donne droit leur mandat et à parler à des journalistes ». SUD n’est pas nommé, mais les allusions sont transparentes.

À noter : le signataire de ce tract, nouveau responsable de l’UNSA chez Mobipel, a pris la place de Nadia T., dont Mediapart a détaillé le cas dans son précédent article. Représentante syndicale UNSA depuis mars 2016, cette salariée avait vu sa section syndicale attirer soudainement un afflux de nouveaux adhérents, dont l’identité avait été gardée secrète, et qui avaient voté pour lui retirer son mandat. Quelques semaines plus tard, elle était licenciée pour faute grave. À Paris, l’inspection du travail a indiqué à SUD qu’elle restait attentive à tous ces dossiers.


source : Mediapart

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