Tribune. En octobre 2017, Emmanuel Macron affirmait devant le Conseil de l’Europe : « […] Le respect des droits de l’homme est battu en brèche. Ils sont considérés comme un affaiblissement par celles et ceux qui cherchent à les combattre ou les réduire alors qu’ils sont une force, une spécificité, alors qu’ils sont universels. Ils sont présentés comme une option alors qu’ils sont une obligation. » Le président français aurait pu ajouter que les droits humains étant partout attaqués, celles et ceux qui les défendent sont pris pour cible.
En adoptant la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme en décembre 1998, les gouvernements se sont engagés à les soutenir et à veiller à ce qu’ils soient en mesure d’agir sans entraves et sans crainte de représailles. Deux décennies plus tard, les défenseurs des droits humains se trouvent confrontés à un niveau de persécution et de répression inédit, tandis que l’offensive contre les droits est de plus en plus assumée par de nombreux dirigeants.
Une doctrine claire
Les défenseurs des droits humains sont des personnes qui, seules ou collectivement, s’engagent pacifiquement pour protéger et défendre les droits de tous. C’est Loujain Al-Hathloul, qui, par son activisme, a permis des avancées importantes pour les droits des femmes en Arabie saoudite, et qui est emprisonnée depuis plus de dix-huit mois.
Echouant à mettre en œuvre une réelle stratégie de protection des défenseurs, cohérente et durable, dans sa politique extérieure, la France d’Emmanuel Macron est également loin d’être exemplaire à l’intérieur de ses frontières
C’est Edward Snowden, ancien employé de la NSA, qui a révélé au monde l’étendue de la surveillance de masse, et qui est obligé de vivre en exil. Ce sont les activistes de Greenpeace France qui se sont introduits dans la centrale de Cattenom pour dénoncer le risque nucléaire, et dont le procès s’ouvre le 30 octobre à Metz.
Ce sont également les communautés autochtones qui promeuvent un autre modèle social et environnemental face à la rapacité et l’irresponsabilité des entreprises extractives. Ce sont ces millions de Hongkongais qui bravent pacifiquement les interdictions de manifester pour préserver leurs droits démocratiques. Ce sont ces milliers de citoyens en Europe qui apportent une aide essentielle aux personnes réfugiées et migrantes lorsque les Etats ont tourné le dos à leurs obligations et à leur humanité.
Il y a un an jour pour jour, à l’occasion du Sommet mondial des défenseurs à Paris, Emmanuel Macron recevait à l’Elysée une délégation de défenseurs des droits humains venue lancer un appel aux Etats afin qu’ils respectent enfin leurs engagements. Dans les mois suivants, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères français annonçait officiellement que la protection des défenseurs serait une priorité de sa nouvelle stratégie internationale en matière de droits humains. Les engagements sont donc pris et la doctrine semble claire : il faut protéger le droit de défendre les droits. Dans la pratique pourtant, l’universalité des droits et leur défense ne résistent que trop rarement aux intérêts économiques ou stratégiques de la France.
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